LES YEUX DANS LES YEUX

Posted on mardi 17 novembre 2009 -


Si le football, depuis sa création, a certainement dû briser plus d’un foyer, la fin de notre décennie est peut-être en train de changer la donne. Voilà qu'en 2009, le divorce change de cible, confrontant l’équipe de France au désamour et autres menaces de rupture de son public. Comme si les français ne souhaitaient plus s’investir dans une histoire trop fragile, trop instable. Comme si les beaux yeux bleus de notre chère sélection nationale ne les impressionnaient plus.

Alors, certes, cela ne date pas d’hier, la passion a de tout temps provoqué ce genre de crise entre une équipe et ses supporters, mais cette période comporte malgré tout son lot de nouveautés. En témoigne la quasi campagne publicitaire accompagnant le match France-Irlande de demain, proposée par le staff des bleus et les médias dans le but de mobiliser le public français. C’est une pratique bien inédite que celle d’encourager ses supporters. Ce procédé original avait commencé par un spot d’anthologie dans lequel le message « Yes we can » était martelé avec un peu moins de réussite que dans la campagne de Barack Obama. De quoi se demander comment et pourquoi on en est arrivé là.

La situation est d’autant plus étonnante qu’elle ne concerne ni nos voisins européens, ni même nos clubs français de ligue 1. Il n’y a qu’à prendre la température du stade Vélodrome ou encore celle du chaudron stéphanois, pour appuyer ce paradoxe. Alors peut-être est-ce de la faute de Raymond Domenech ? Ce serait un peu facile. Peut-être est-ce de la faute de la nouvelle génération ? Ce serait manquer de patience. Peut être sommes nous, tout simplement, d’éternels
passéistes, considérant inlassablement que c’était mieux avant. A ce moment là, on espère que le public ne s’y trompera pas, demain, en grondant « Allez les verts ». Car les verts seront irlandais et ils seront –c’est une certitude- très nombreux.

Alors peut-être les bleus parviendront-ils à nous réconquérir enfin, au terme de cet acte II. Peut-être sauront-ils effacer les regrets, les soupirs, la nostalgie. Peut-être rachèteront-ils, en somme, le temps où tout allait bien, quand nous nous parlions sans tension, les yeux dans les bleus.