ILS SE SONT PRIS POUR GAINSBARRE

Posted on vendredi 22 janvier 2010 -

Si j’avais su qu’un jour, un billet m’aurait été soufflé par Super Nanny, j’aurais sans doute un peu tiqué. Mais voilà, comme tout décès qui se respecte, il s’empare des pseudos Facebook, des Twitter, et autres sites people, dans le parfait sillon de la mort d’un Filip Nikolic. Du grain à moudre à tous les étages, en somme. Et du mauvais café. A titre d’exemple, l’article de Lilian Massoulier, pour le JDD.fr, chapeauté « Super Nanny super morte : la réalité peut-elle nous débarrasser de la télé réalité ? ». Ou quand l’apologie du « politiquement incorrect » se transforme en grand n’importe quoi ; entre style factice et diatribe sordide. Extrait :

« « Elle (Super Nanny) va nous manquer ». Manquer ? Mais à qui ? Super Nanny n’était qu’un personnage navrant, inutile et vain de la télévision (…) Pour le reste, on saluera la fin d’une émission de télé réalité, au moins une. Une télé réalité que seule l’affreuse réalité de la mort peut faire taire parfois. Sa mort quelque part est une chance, un rappel à la réalité, justement : cette réalité plus forte que la télé réalité. »

En dépit d’une conclusion plutôt bien tournée, voici un papier qui nous amène à réfléchir sur la tournure que prend l’obsession contemporaine du politiquement incorrect. Et qui en dit long sur cet argument de vente de plus en plus présent, jusqu’à en devenir franchement lourd. En effet, du sérieux au futile, du politique au sportif, de l’écrivain au blogueur, tous les domaines sont aujourd’hui propices au supposé contre-courant. C’est la nouvelle recette de l’analyse : un méli-mélo d’idées chocs et de mots crus censés dépasser le conformisme, mission de ces nouveaux bourreaux de la bien-pensance. Un vaste imbroglio entre pertinence et impertinence.

Alors certes, dans ce cas précis, il ne s’agit « que » de Super Nanny. Mais il est intéressant de voir à quel point cette notion est chère à nos télés, à nos radios, à nos journaux. Après tout, Nicolas Sarkozy en a bien fait le fer de lance de sa campagne présidentielle. Le « nettoyage au karcher » était un excellent calcul, tout comme sa quête annoncée de « débarasser la France des voyous ». En voilà un qui ne faisait pas dans la langue de bois ! C’est ce que vous diront les auto-proclamés policiers du politiquement correct : « Appelons un chat, un chat ! ». Cette maxime, ils en ont fait leur devise, si ce n’est leur religion. Et ce, parfois à n’importe quel prix. Quitte à appeler un chat, un tigre.

A la télé, il y’a Eric Zemmour, le chroniqueur le plus bankable du PAF. L’homme qui « dit tout haut ce que les français pensent tout bas » (sic). Immigration, regroupement familial, euthanasie, avortement, Europe, droit du sol, racisme et anti racisme, tout y passe, et bizarrement, on retombe assez souvent sur les idées du Front National. Et malgré un talent oratoire qui fait du bien, parfois, il y'a un côté obsessionnel chez lui. De plus en plus disent attendre son « coming-out » politique, comme Alain Soral en son temps. Ce ne serait pas si illogique que ça car, après tout, quoi de plus politiquement incorrect que le Front National ? Bref, au-delà de ses opinions politiques, il serait temps qu’il cesse d’utiliser ses éternelles semonces à coup de « bobos », « démagos », « droits de l’hommistes » ou « sentimentalistes » envers ceux qui s’investissent dans une cause quelconque.

Alors voilà, les médias piétinent sur ce terrain. Souvent, ils peinent à trouver la justesse. On reproche à Michel Denisot d’être trop lisse, à Jean-Jacques Bourdin d’être démago, à Pierre Menès d’être rentre-dedans. Tous les domaines sont concernés par le politiquement correct. A différents niveaux, ces derniers semblent néanmoins plus proches de ce qu’on pourrait appeler la véritable « liberté de ton ».

Quant aux autres, on les laissera cracher sur la tombe de Super Nanny. Ca leur donnera confiance et un soupçon d'adrénaline, celui de sortir brièvement des rails de la bien-pensance. Qu'ils soient juste un peu plus prudents, cependant. Car n'est pas Gainsbourg qui veut.