IL Y A LE BIEN ET IL Y A LE MAL

Posted on jeudi 8 avril 2010 -


Ce matin, les bordelais doivent avoir un goût d'Italie dans la bouche. Un goût amer, celui que nos voisins transalpins adorent infliger à leurs adversaires. Cette sensation d'avoir fait ce qu'il fallait mais qu'au final, ce sont toujours les méchants qui finissent par avoir le dernier mot. Hier soir, les lyonnais étaient italiens, et ont certainement fâché une partie des puristes qui, la veille, s'ébahissaient des exploits techniques de Messi et de sa horde catalane. Mais ça ne changera rien. En usant d'un bloc glacial et d'une certaine âpreté dans les duels, l'OL s'est mis dans la peau du méchant, celle qui lui avait fait défaut contre Porto, le PSV et le Milan AC les années précédentes. C'est peut-être ça qu'on appelle "l'expérience".

Hier soir, Bordeaux, en dominant les débats, en gagnant, et en se faisant éliminer, a ranimé l'une des grandes questions philosophiques de l'Encyclopédie (bien après l'arbitrage vidéo, tout de même) : doit on se réjouir de la victoire d'une équipe qui refuse le jeu ? Cette simple question réveille le spectre de bien des victimes d'un tel casse-tête. En la matière, le Portugal aurait bien besoin d'un exorciste ; la Corée du sud en 2002, la Grèce en 2004, la France en 2006, la Selecção a souvent prouvé qu'il ne suffisait pas de développer le plus beau jeu pour avoir gain de cause. Arsenal ne dira pas le contraire. Helenio Herrera non plus.

Helenio Herrera, l'inventeur du Catenaccio, cette tactique exclusivement basée sur une défense en béton armé, tirée de l'italien "verrou" ou "chaîne bloquante". Ça glace le sang, n'est-ce pas ? A l'Inter Milan, on apprécie. C'est en effet la recette qui, jadis, offrit aux nerrazzuri leurs deux victoires en C1, leurs deux seules jusqu'à présent.
Ironie du sort, l'homme qui permet aujourd'hui à ce même club d'accéder aux demi-finales s'appelle José Mourinho, autre philosophe du genre. Spécialiste du 1-0, il avait gagné le championnat d'Angleterre avec 95 points (un record) et seulement 15 buts encaissés (autre record). C'était avec Chelsea, avant qu'il ne les achève 5 ans plus tard, en 2010, comme il les avait construit. Définitivement, cette tactique est effrayante.

Mais voilà, il y a le Barça, la lueur d'espoir, le sauveur, le messie (on évitera, pour une fois, le jeu de mot assez foireux). Les garants de l'esthétique, seuls et uniques à pouvoir redorer le blason du football. Voyez y là, un peu d'ironie. Car ce qui reste dans l'Histoire, ce sont les résultats, et même si bien-sûr, nous préférons qu'ils soient accompagnés de spectacle, il convient d'accepter cette part d'inesthétique qui fait aussi la beauté de ce sport. Lorsqu'il se mue en partie d'échec où le moindre détail fait basculer la rencontre. Lorsque les nerfs sont malmenés jusqu'au coup de sifflet final.

Finalement, tout ça ne fait qu'accentuer le drama du football. Ce que nous savons, c'est que Lyon aura cette année l'opportunité de se rendre au temple de l'esthétisme, à Santiago Bernabeu. Comme dans un film, nous ignorons comment cela va se terminer. Comme dans un film, il y aura le bien et il y aura le mal. Tous les ingrédients d'un classique. C'est maintenant, le moment ou jamais d'assumer son rôle de méchant, d'endosser avec plaisir le costume du boss de fin...

ILS SE SONT PRIS POUR GAINSBARRE

Posted on vendredi 22 janvier 2010 -

Si j’avais su qu’un jour, un billet m’aurait été soufflé par Super Nanny, j’aurais sans doute un peu tiqué. Mais voilà, comme tout décès qui se respecte, il s’empare des pseudos Facebook, des Twitter, et autres sites people, dans le parfait sillon de la mort d’un Filip Nikolic. Du grain à moudre à tous les étages, en somme. Et du mauvais café. A titre d’exemple, l’article de Lilian Massoulier, pour le JDD.fr, chapeauté « Super Nanny super morte : la réalité peut-elle nous débarrasser de la télé réalité ? ». Ou quand l’apologie du « politiquement incorrect » se transforme en grand n’importe quoi ; entre style factice et diatribe sordide. Extrait :

« « Elle (Super Nanny) va nous manquer ». Manquer ? Mais à qui ? Super Nanny n’était qu’un personnage navrant, inutile et vain de la télévision (…) Pour le reste, on saluera la fin d’une émission de télé réalité, au moins une. Une télé réalité que seule l’affreuse réalité de la mort peut faire taire parfois. Sa mort quelque part est une chance, un rappel à la réalité, justement : cette réalité plus forte que la télé réalité. »

En dépit d’une conclusion plutôt bien tournée, voici un papier qui nous amène à réfléchir sur la tournure que prend l’obsession contemporaine du politiquement incorrect. Et qui en dit long sur cet argument de vente de plus en plus présent, jusqu’à en devenir franchement lourd. En effet, du sérieux au futile, du politique au sportif, de l’écrivain au blogueur, tous les domaines sont aujourd’hui propices au supposé contre-courant. C’est la nouvelle recette de l’analyse : un méli-mélo d’idées chocs et de mots crus censés dépasser le conformisme, mission de ces nouveaux bourreaux de la bien-pensance. Un vaste imbroglio entre pertinence et impertinence.

Alors certes, dans ce cas précis, il ne s’agit « que » de Super Nanny. Mais il est intéressant de voir à quel point cette notion est chère à nos télés, à nos radios, à nos journaux. Après tout, Nicolas Sarkozy en a bien fait le fer de lance de sa campagne présidentielle. Le « nettoyage au karcher » était un excellent calcul, tout comme sa quête annoncée de « débarasser la France des voyous ». En voilà un qui ne faisait pas dans la langue de bois ! C’est ce que vous diront les auto-proclamés policiers du politiquement correct : « Appelons un chat, un chat ! ». Cette maxime, ils en ont fait leur devise, si ce n’est leur religion. Et ce, parfois à n’importe quel prix. Quitte à appeler un chat, un tigre.

A la télé, il y’a Eric Zemmour, le chroniqueur le plus bankable du PAF. L’homme qui « dit tout haut ce que les français pensent tout bas » (sic). Immigration, regroupement familial, euthanasie, avortement, Europe, droit du sol, racisme et anti racisme, tout y passe, et bizarrement, on retombe assez souvent sur les idées du Front National. Et malgré un talent oratoire qui fait du bien, parfois, il y'a un côté obsessionnel chez lui. De plus en plus disent attendre son « coming-out » politique, comme Alain Soral en son temps. Ce ne serait pas si illogique que ça car, après tout, quoi de plus politiquement incorrect que le Front National ? Bref, au-delà de ses opinions politiques, il serait temps qu’il cesse d’utiliser ses éternelles semonces à coup de « bobos », « démagos », « droits de l’hommistes » ou « sentimentalistes » envers ceux qui s’investissent dans une cause quelconque.

Alors voilà, les médias piétinent sur ce terrain. Souvent, ils peinent à trouver la justesse. On reproche à Michel Denisot d’être trop lisse, à Jean-Jacques Bourdin d’être démago, à Pierre Menès d’être rentre-dedans. Tous les domaines sont concernés par le politiquement correct. A différents niveaux, ces derniers semblent néanmoins plus proches de ce qu’on pourrait appeler la véritable « liberté de ton ».

Quant aux autres, on les laissera cracher sur la tombe de Super Nanny. Ca leur donnera confiance et un soupçon d'adrénaline, celui de sortir brièvement des rails de la bien-pensance. Qu'ils soient juste un peu plus prudents, cependant. Car n'est pas Gainsbourg qui veut.

L’HERBE EST PLUS VERTE A WIMBLEDON

Posted on jeudi 21 janvier 2010 -

Il est des évènements sportifs qui ont une valeur particulière. Des évènements qui dépassent la compétition, le jeu, le résultat en lui-même. Des rendez-vous dont le parfum évoque bien plus qu’un simple match, éveillant presque nos sens à en devenir un repère dans le temps. C’est le cas de Roland-Garros. Prémices de l’été, transition vers les beaux jours, les examens pour certains, le relâchement pour d’autres ; autant de raisons de savourer le tennis au moins une fois par an. Mais il y’a d’autres raisons. Et d’autres occasions.

Parce qu’il est temps, en cette fin d’Open d’Australie, de s’apercevoir comme le sport peut être beau lorsqu’il est pratiqué par de vraies personnalités. Et de vanter des valeurs qui sont en perdition à une époque où le football ne jouit pas tout à fait de la même classe que le tennis, malgré sa popularité. Je m’explique.

Durant cette quinzaine australienne, le tennis a détonné, entre les interviews délurées de Jim Courier, le fair-play d’Andy Murray, le franc-parler de Tsonga et la classe de Federer…En bref, tout ce qu’on n’a pas l’habitude de voir dans notre sport national. Plutôt dérangeant, non ? Pourquoi, pourquoi le football, dont les émotions n’ont aucun égal, est incapable d’afficher le même esprit ? Il y’a de quoi se poser la question.

Car le tennis, ce sont ces accolades épuisées au filet, après 4h de jeu. Le sourire passé de Gustavo Kuerten, le mental de Rafael Nadal, l’humour de Novak Djokovic, le naturel de Gaël Monfils.

La phrase d’Andy Murray, tout à l’heure, après avoir perdu sa seconde finale en Grand Chelem face à Federer : « Je peux pleurer comme toi, mais c’est une honte, car je ne peux pas jouer comme toi ».

La réponse ironique de Federer à Jim Courier à la question « Comment faites-vous pour être au top physiquement ? ». « Ce n’est que du talent. C’est naturel chez moi, je n’ai jamais eu besoin de travailler. Vous croyiez quoi ?… ».

Cette ironie se démarque un temps soit peu des éternels 3 points évoqués par nos footballeurs. Alors certes, dans le tennis, il y’a aussi des moments moins reluisants. Il ne s’agit pas d’affirmer que ce sport est un conte pour enfants dans lequel règne l’amour et la fraternité. Mais il y’a tout de même une générosité différente de celle que l’on a l’habitude de voir sur les terrains de football. Et ça manque.

Cela est d’autant plus frustrant qu’il est difficile d’expliquer ce décalage. Les footballeurs n’ont même pas l’excuse de l’argent pour expliquer leur manque de spontanéité. Les têtes de série ne gagnent pas moins d'argent qu’eux. Car il s’agit bien de ça, au fond : que les footballeurs ne soient pas des gentlemen dans l’âme, à la limite…mais qu’ils sachent au moins sortir de leur pudeur hypocrite quand il s’agit d’évoquer une victoire, une défaite, un transfert, une blessure ou n’importe quel autre sujet, finalement.

Attendons l’été prochain, donc, où Roland-Garros ne sera que l’introduction de la plus prestigieuse des compétitions : la coupe du monde de football. Un évènement dont la magie sera, à coup sûr, nuancée par les langues de bois et autres simulations. Un cocktail bizarre de fougue et de retenue. Il faudra bien s'y faire. « Ca fait partie du jeu ».

C'ETAIT MIEUX AUJOURD'HUI

Posted on lundi 28 décembre 2009 -

Ca y’est, c’est la fin du début. Dans trois jours, on entrera un peu plus dans le XXIème siècle. Les années « 00’s » seront derrière nous, laisseront place aux années « 10’s ». Bon, certains rabat-joie diront que ça ne change rien, 2010, 2009, ou 2053 (pour les plus grincheux). Mais ce n’est pas vrai, l’entrée dans une nouvelle décennie ne mérite pas d’être traitée comme une vulgaire « nouvelle année ». Car la conscience collective attache à ce changement plus d’importance qu’il n’y paraît. Pour preuve, on aime à se rappeler les années 60, 70 ou 80, et c’est normal, car notre mémoire associe plus volontiers nos souvenirs aux décennies qu’à des années précises. On y est attachés. La légitimité acquise très récemment par les années 90 confirme la règle, à travers la nostalgie qui entoure cette période, bercée par le retour du fluo hype (celui de TTC, pas celui de la tecktonik), Reebok en tout genre, lunettes trop grandes et cravates foireuses. Après avoir été ringardes, elles sont chic, finalement, ces années 90. Alors voilà, il est temps, maintenant, de nous occuper des années 2000. L’heure de revenir sur ce qui a agité le début du siècle, à tous les niveaux.

Comme ça, d’emblée, on a l’impression que cette dernière décennie n’aura aucun mal à gagner ses lettres de noblesse ; l’impression que c’était un bon cru, en somme. Bien-sûr, on fera fi de l’aspect économique, entre l’apparition de l’euro (2002) et la crise économique (2008), on pouvait mieux faire. Mais à part ça, il y’a eu du lourd dans ces années "00's".

Barack Obama a bousculé l’Histoire. Bon le « onze-septembre » aussi, ainsi que le Front National en 2002. En fait, pour la politique, on repassera plus tard.

Rafael Nadal et Roger Federer nous ont offert la plus belle rivalité de l’histoire du tennis. Usain Bolt et Michael Phelps ont tout déréglé. Zidane a octroyé à un match de foot une dimension dramatique jamais observée auparavant.

La télé nous a livré des séries historiques, parmi lesquelles Lost et Desperate Housewives, les deux premiers de la classe. Canal + est redevenue Canal + grâce au Grand Journal (on la regrettera comme l’ère Gildas, cette période là), TF1 est restée TF1 à cause de la Star Academy.

Au cinema, bien sûr, le troisième film à rafler 11 oscars nous a montré que les néo-zélandais savaient faire autre chose que le haka. Il y’a aussi eu le vrai come-back de Woody Allen, les sommets atteints par Clint Eastwood et le casse du siècle plus ou moins justifié des français aux U.S.A : Marion Cotillard et surtout Amélie Poulain, qui a juste colonisé les tops en tout genre, relatifs à la décennie voire à l'Histoire du cinéma pour certains (même ici, on n’en fait pas autant). On oubliera les Ch’tis, par contre. En plus ça tombe bien, Alain Chabat nous a livré une vraie comédie digne de ce nom en 2001 alors autant en profiter.

Pour finir, la musique a été plutôt bonne. Remarque, faire mieux que les années 90, à ce niveau là, c’était facile : deux ou trois OVNI ont déboulé de nulle part (Gorillaz, Daft Punk, Vampire Weekend, MGMT…), le hip-hop s’est plutôt bien porté (Eminem, Outkast, Kanye West, Jay-Z…) et le rock, sans être étincelant, a fait le taff (The Strokes, Coldplay, Green day -ceux qui en riront sont des gens prétentieux-…). Au milieu de tout ça, M.J est mort, abandonnant Paul Mc Cartney, désormais seul au rayon des légendes vivantes.

C’est donc sûr, elles grandiront, ces années 2000. Une décénnie de plus qu’on regrettera comme les autres, voire plus et à propos de laquelle on soupirera une énième fois que « c’était mieux avant ».

LE CLASH DES CANADIENS (ET C'EST PAS DE LA NHL)

Posted on lundi 14 décembre 2009 -

387 millions de dollars. 35 000 fois le budget de Paranormal activity. C’est précisément le prix de la nouvelle machine érigée par James Cameron, l’homme qui n’a eu besoin de personne pour écrire, scénariser, produire et réaliser Titanic, le plus gros succès de l’Histoire du cinéma. L’homme qui a précipité 200 millions d’individus dans les salles obscures. Ca en jette, forcément. C’est d’autant plus impressionnant après 12 ans d’absence, synonyme d’attente absolue, comme pour mieux se faire désirer avant de nous livrer sa cuvée décennale.

A l’instar de Benjamin Button, voilà prêt d’un an qu’Avatar a canalisé attentes, spéculations et rumeurs fantasmagoriques entre affiche mystérieuse et trailer futuriste. Comme le film de David Fincher, Avatar est le casse annoncé de la prochaine cérémonie des Oscars. Button avait été nominé dans 13 catégories. On souhaite alors à James Cameron de rafler un peu plus que les Oscars de consolation, type « meilleur maquillage », ou « meilleurs effets visuels », comme ce fut le cas pour Fincher (qui, au passage, méritait un peu mieux). Car après douze ans, le titan a faim.

Ainsi le décor est planté. Il fallait bien quelques lignes pour prendre conscience de l’envergure de la bête. Le ring est prêt. Il ne manque plus que le challenger.

Jason Reitman. Canadien de 32 ans, fils du réalisateur-producteur Ivan Reitman, le papa de S.O.S Fantômes et du Flic à la maternelle. Jason Reitman, deux films, deux hits, Thank you for smoking et Juno, triomphe pop et marginal, 4 fois nominé aux Oscars en 2008, du haut de sa B.O féroce et de sa perle d’actrice, Ellen Page. Ce jeune réalisateur qui ne laisse pas indifférent, divise, intrigue, et passe aux yeux de certains pour un pistonné-prétentieux au style téléphoné, loin du talent de son père. Il faudra, à ce sujet, qu’on nous explique en quoi Un flic à la maternelle et Space Jam surclassent Thank you for smoking et Juno. A vouloir condamner les "fils de", on en devient de mauvaise foi.

Alors pourquoi lui, pourquoi envoyer Jason Reitman au front, face à James Cameron ? Eh bien tout simplement parce que son prochain film, Up in the air, est aussi annoncé comme la future star des Oscars. Complètement inconnu en France, ce film, qui sortira le 10 février 2010, a recueilli toutes les éloges du milieu et des journalistes outre-Atlantique. George Clooney y tiendrait son rôle le plus brillant, peut-être celui qui lui permetterait de flirter avec la légitimité de Brad Pitt en tant qu’acteur plutôt qu’en tant que beau gosse. L’écriture et la réalisation y seraient audacieuses, modernes, étonnament justes. Up in the air c’est un peu le Slumdog millionaire qui défiera Avatar le 7 mars 2010 à Los Angeles.

Bon, bon. Deux réalisateurs talentueux, deux styles aux antipodes, une même nationalité mais il y'a aussi les petites phrases pour relever le tout. Reitman s'y est collé : « Je déteste la 3D. Je n’aime pas le trailer d’Avatar. Ca me paraît idiot ». C'est parfait. Il ne reste plus qu’à attendre.

Au milieu de tout ça, Clint Eastwood sera en embuscade avec Invictus, du genre vieux briscard qui n’a pas dit son dernier mot. Un film sur le rugby et Nelson Mandela.

Alors, plaquage ou coups de crosses, en mars prochain ? Premier élément de réponse ce mercredi, avec l’entrée en lice d'Avatar, un monstre attendu au tournant.

LES YEUX DANS LES YEUX

Posted on mardi 17 novembre 2009 -


Si le football, depuis sa création, a certainement dû briser plus d’un foyer, la fin de notre décennie est peut-être en train de changer la donne. Voilà qu'en 2009, le divorce change de cible, confrontant l’équipe de France au désamour et autres menaces de rupture de son public. Comme si les français ne souhaitaient plus s’investir dans une histoire trop fragile, trop instable. Comme si les beaux yeux bleus de notre chère sélection nationale ne les impressionnaient plus.

Alors, certes, cela ne date pas d’hier, la passion a de tout temps provoqué ce genre de crise entre une équipe et ses supporters, mais cette période comporte malgré tout son lot de nouveautés. En témoigne la quasi campagne publicitaire accompagnant le match France-Irlande de demain, proposée par le staff des bleus et les médias dans le but de mobiliser le public français. C’est une pratique bien inédite que celle d’encourager ses supporters. Ce procédé original avait commencé par un spot d’anthologie dans lequel le message « Yes we can » était martelé avec un peu moins de réussite que dans la campagne de Barack Obama. De quoi se demander comment et pourquoi on en est arrivé là.

La situation est d’autant plus étonnante qu’elle ne concerne ni nos voisins européens, ni même nos clubs français de ligue 1. Il n’y a qu’à prendre la température du stade Vélodrome ou encore celle du chaudron stéphanois, pour appuyer ce paradoxe. Alors peut-être est-ce de la faute de Raymond Domenech ? Ce serait un peu facile. Peut-être est-ce de la faute de la nouvelle génération ? Ce serait manquer de patience. Peut être sommes nous, tout simplement, d’éternels
passéistes, considérant inlassablement que c’était mieux avant. A ce moment là, on espère que le public ne s’y trompera pas, demain, en grondant « Allez les verts ». Car les verts seront irlandais et ils seront –c’est une certitude- très nombreux.

Alors peut-être les bleus parviendront-ils à nous réconquérir enfin, au terme de cet acte II. Peut-être sauront-ils effacer les regrets, les soupirs, la nostalgie. Peut-être rachèteront-ils, en somme, le temps où tout allait bien, quand nous nous parlions sans tension, les yeux dans les bleus.